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Huit Syriens, dont quatre enfants en bas âge, composant deux familles, sont bloqués dans un no man’s land entre l’Algérie et le Maroc.

Mercredi, 14h 30. Un soleil de plomb terrasse les corps frêles d’êtres humains victimes du destin, mais surtout de la bêtise… humaine ! Sobhi Aïd, 31 ans, originaire de Homs, n’a plus de voix : «Regardez-nous, nous ne sommes ni ici ni là-bas (allusion faite aux deux territoires qui se font face). On a fait de nous des apatrides.» Et d’ajouter : «Nous sommes entrés par l’Algérie, mais dès que nous avons eu vent de la régularisation des Syriens par le gouvernement marocain, nous avons traversé la frontière pour aller à Oujda déposer nos dossiers. Sur place, les autorités marocaines nous ont remis un récépissé de séjour. Cependant, les mêmes responsables se sont aperçus de l’expiration de nos documents de voyage. Nous avons dû donc retourner à Alger pour renouveler nos passeports. C’est ce qui a été fait, mais pendant la traversée, on a été arrêtés par les soldats marocains pour être refoulés vers l’Algérie. Qu’à cela ne tienne ! Curieusement, les garde-frontières s’y sont opposés, motivant leur décision par le fait que nous sommes résidents au Maroc. C’est vraiment kafkaïen !» Notre interlocuteur affirme qu’ils reçoivent la nourriture des GGF algériens.

Fawzia, épouse du frère de Sobhi et maman de la petite Afinate, un an et demi, gravement malade, arrive difficilement à se confier : «J’ai du mal à croire que nous sommes dans une situation de prisonniers, parce que c’est le cas même si nous sommes en plein air et sans hostilité des uns et des autres. L’état de santé de ma fille est très inquiétant. On ne peut pas l’évacuer vers une structure hospitalière ni en Algérie ni au Maroc, puisque les deux pays nous refusent. Notre seule demande c’est de nous permettre de nous déplacer de ces lieux inhospitaliers le plus vite possible dans n’importe quelle direction. Nous souhaitons simplement aller dans un pays pour survivre dignement et décemment, soigner notre fille et nous éviter des lendemains incertains.»

Bizarrement, au moment où nous nous apprêtons à retourner à Maghnia, nous avons failli être arrêtés par les gardes-frontières pour le délit… d’«immigration clandestine». Et dire que nous étions en territoire algérien ! Afinate, Fawzia, Sobhi… interpellent le monde  : «Donnez-nous un territoire !»

Chahredine Berriah

 

El watan, le 12 Juin 2014