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L’Union européenne s'est lancée dans une opération de grande ampleur visant à traquer les sans-papiers. Nommé « Mos Maiorum », ce coup de filet coordonné par l’Italie soulève l'indignation des associations.
Vingt mille policiers mobilisés, quatorze jours de traque... Et un objectif : lutter contre l'immigration clandestine. C'est l'opération coup de poing baptisée Mos Maiorum et lancée le 13 octobre par l'Union européenne. Vingt-deux pays membres de l'espace Schengen plus la Suisse, la Norvège, le Liechtenstein et l'Islande ont été invités à y participer sous la tutelle de l'Italie, à qui revient jusqu'en décembre la présidence tournante de l'Union européenne (UE). L’objectif revendiqué de Mos Maiorum est « d’appréhender les migrants en situation illégale » pour les identifier et « affaiblir les organisations criminelles de passeurs ».


Contrôles systématiques


Dans les faits, ce sont les polices nationales qui sont chargées des contrôles. Des contrôles systématiques de sans-papiers aux frontières de l’Union mais aussi sur les autoroutes, dans les gares routières et ferroviaires, les aéroports et autres endroits stratégiques. Il est prévu que les personnes sans-papiers soient selon les cas renvoyées dans leur pays de naissance, placées dans des centres de rétentions ou laissés en liberté mais avec un avis d’expulsion. De plus, l'opération doit permettre de recueillir nombre de données sur les migrants : date et lieu de l'interpellation, sexe, âge, lieu d'entrée dans l'UE... Avec pour objectif d'établir une cartographie précise des flux de migration et des réseaux de passeurs.


La Rome antique et les « barbares »


Lancée en toute discrétion, l'opération a vite été dénoncée par les organisations de défense des migrants, qualifiant « Mos Maiorum » de « rafle ». « La chasse des sans-papiers dans l'Europe, une nouvelle bataille dans la guerre engagée par l'UE contre un ennemi imaginaire », accuse ainsi Frontex Exit, la campagne d'information menée par plusieurs associations. L'opération, qui doit s'achever le 26 octobre, scandalise aussi pour son nom. « Mos Maiorum » (« Les mœurs des anciens » en latin) désigne le code qui définissait la morale de la Rome antique par opposition à la décadence des « barbares ». Pour l’instant, aucune indication n’a été fournie concernant le coût de l’opération. Il faudra attendre mi-décembre pour en connaître les conclusions. Aujourd’hui, il n’existe pas de chiffres officiels sur le nombre de sans-papiers mais selon des estimations ils seraient entre 150 000 et 450 000 en Europe.

Céline Peschard

arte, le 21 octobre 2014