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À bientôt 31 ans, Amani Friaa, vice-présidente de l’association « Les voix libres » à Strasbourg, était la candidate n°2 aux législatives dans la circonscription France-Nord du parti Afek Tounes.
Le parti Afek Tounes est un parti de centre-droite, démocrate, créé en 2011, qui a obtenu 8 sièges à l’issue des élections, dont un pour la circonscription d’Amani Friaa. C’est, selon elle, le « parti de la jeunesse et des compétences ».

Elle revient pour France terre d’asile sur les résultats des élections législatives tunisiennes et sa vision pour l’avenir de la Tunisie.


→ COMMENT ANALYSEZ-VOUS LES RÉSULTATS DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES TUNISIENNES ?

La première chose que je tiens à dire, c’est que les élections se sont bien déroulées. C’est une réussite, il y a eu une alternance du pouvoir très pacifique quand on compare à l’Égypte par exemple. L’alternance est passée par les urnes, le peuple tunisien a fait son choix. Quand on voit les résultats où Nidaa Tounes arrive en premier avec 86 sièges, suivi d’Ennahdah qui a eu 69 sièges, sachant que le CPR (parti du président Marzouki), n’a eu que 4 sièges et le Takatol sort bredouille de ces élections, on peut analyser ça comme une sanction de la part du peuple, qui a sanctionné la troïka par les urnes.

La deuxième chose, c’est que nous aurions aimé que les partis démocrates aient plus de sièges. Par exemple, nous avons eu 8 sièges, donc il va y avoir plus de négociations et de discussions par rapport aux futures alliances. Il va y avoir des discussions concernant d’éventuelles alliances pour former le gouvernement étant donné qu’aucun parti n’a la majorité.


QUEL AVENIR VOYEZ-VOUS À LA TUNISIE DANS LES CINQ PROCHAINES ANNÉES ?

On est très positif, nous croyons en l’avenir, nous sommes en train de bâtir une démocratie, nous avons eu une première réussite par rapport à ces premières élections. Ca ne va pas être facile, c’est un moment très difficile, sachant qu’on a un bilan très lourd de la dictature pendant 50 ans et un bilan de la Troïka qui est assez lourd, surtout économiquement. Il va falloir améliorer les choses et faire des réformes de fond qui peuvent parfois faire mal, mais il faut les faire, comme par exemple les réformes fiscales ou bancaires. L’endettement du pays est également un problème. Il faut savoir bien utiliser l’argent des dettes contractées, chose qui n’a pas été faite avec la troïka pendant ces trois années. Il faut une rupture avec ce système là et il faut savoir utiliser ses dettes et créer de la valeur ajoutée. On a confiance en le peuple Tunisien. En tant que parti Afek Tounes, nous discutons avec tout le monde, nous allons essayer de défendre notre projet socio-économique même si nous n’avons que 8 sièges. Si nous rentrons dans le gouvernement, ça sera sur un projet très clair et défini. Nous le défendrons jusqu’au bout pour qu’on puisse améliorer la situation économique de la Tunisie. On est positif, ça va être dur, il y a du boulot à faire, mais on y arrivera.

 

→ QUELS SONT LES DÉFIS MIGRATOIRES EN MATIÈRE DE POLITIQUE MIGRATOIRE ET D’ASILE ? QUELLES ORIENTATIONS PRÉCONISEZ-VOUS ?

Il faut savoir que les Tunisiens sont très accueillants et très solidaires. Cela s’est vu pendant la crise en Libye, on a accueilli plus d’un million ou deux de réfugiés. Nous sommes un petit pays, on ne peut pas absorber ce flux. Pour l’instant, les migrants accueillis représentent environ 20 % de la population en Tunisie. C’est un témoin d’accueil et de solidarité envers les peuples, qu’ils soient libyens ou subsahariens. Il n’y a pas eu d’hostilité, mais quelques contestations du peuple tunisien. En fait il n’y a pas eu d’anticipation de la part du gouvernement et de l’État face aux réfugiés et aux migrants, et donc il y a eu une augmentation du prix des loyers, le coût de la vie pour un Tunisien a augmenté. C’est pour cela que les Tunisiens ont un peu contesté, mais il n’y avait en aucun cas des hostilités.

Personnellement, j’encourage les associations à aider les réfugiés sur place tout comme à aider la Tunisie à accueillir. Comme je l’ai déjà dit, nous sommes un petit pays et nous ne pouvons pas absorber tout ce flux là, donc on a besoin d’aide.
Il faut mettre en place des structures qui aident les migrants dans leurs demandes d’asile, que ce soit pour les conseiller ou pour simplifier les démarches.

L’autre question, c’est l’émigration. Je ne pense pas que déplacer les frontières dans la Méditerranée soit une solution. Il faut que la Tunisie soit soutenue afin de se développer économiquement et créer de l’emploi pour que les jeunes et les chômeurs ne fuient plus leur pays,. C’est ce que l’on propose dans notre programme économique. Il faut que encourager les jeunes à l’entreprenariat individuel et faire en sorte qu’ils reprennent confiance en leur pays, c’est très important.

Bien sûr on a une souveraineté donc il faut que l’État sécurise ses frontières et fasse appliquer la loi. Les personnes quittant la Tunisie dans un contexte illégal, ce n’est pas normal. Il faut surtout une solution de fond, pourquoi les gens sortent, pourquoi les jeunes fuient leur pays ? C’est cela qui est important. Aucun jeune n’est content de quitter son pays dans ces conditions là, fuir et se mettre en danger c’est difficile.

FTDA, Lundi 17 Novembre 2014