2015, année de la crise des migrants pour une Europe impuissante et divisée
IMMIGRATION - C'est une crise qui a divisé l'Europe tout au long de 2015. Cette année, le Vieux continent a en effet dû faire face à une crise migratoire, la plus grave depuis 1945. Au total, c'est près d'un million de personnes qui sont arrivées en Europe. Les conflits en Irak, en Syrie, en Libye ou encore en Erythrée, ont poussé des centaines de milliers de personnes sur la route de l'exil. Des familles entières ont tenté, en passant par la Méditerranée ou par les Balkans, de rejoindre l'Europe.
Si le phénomène migratoire a commencé dès le début de l'année, il a fallu plusieurs mois avant que l'Europe ne se décide à ouvrir les yeux. Elle y a été en quelque sorte forcée après l'émotion mondiale provoquée par une photo, celle du petit corps d'Aylan Kurdi, trois ans, retrouvé sur une plage de Turquie au mois de septembre alors que sa famille tentait de rejoindre l'Europe.
Une fracture Est-Sud :
Malgré un sursaut provoqué par le drame de la mort d'Aylan, les dirigeants européens peinent à se mettre d'accord et donc à agir pour résoudre cette crise. Nommée personnalité de l'année 2015 par Time Magazine, Angela Merkel s'est distinguée en prônant l'ouverture des frontières début septembre. Mais certains ont reproché à la chancelière d'avoir créé un appel d'air, en particulier les pays d'Europe de l'Est qui se sont trouvés en première ligne.
Plusieurs d'entre eux, en premier lieu la Hongrie, ont alors décidé d'ériger des barrières pour empêcher le passage des migrants. La question des réfugiés a par ailleurs pris une nouvelle dimension avec les attentats de Paris. En effet, deux des kamikazes au moins ont réussi à s'introduire en Grèce en se faisant passer pour des réfugiés, jetant la suspicion sur tous les migrants et alimentant les arguments anti-migration des extrêmes droites européennes.
L'Union européenne a finalement accouché au forceps d'une série de mesures: "hotspots" (centres d'accueil et d'enregistrement des migrants) en Grèce et en Italie, plan d'action avec la Turquie, répartition des réfugiés entre les pays par quotas... Mais au prix d'une fracture entre pays de l'Est et du Sud. Et surtout, sur le terrain, ces mesures n'ont eu qu'un effet très limité pour tarir les arrivées.