« Si vis pacem, para bellum ». « Si tu veux la paix, prépare la guerre », disaient les Latins. Et le Royaume du Maroc, sans volonté belliqueuse certes, semble s’engager dans cette voie en ce qui concerne ses relations avec l’Union européenne, et notamment ses pouvoirs législatif et exécutif.

En effet, on apprend que l’appareil diplomatique national a été prié de geler toute relation avec les diverses instances européennes, à Bruxelles et Strasbourg, voire au niveau de la représentation communautaire à Rabat.

Ni discussions, ni rencontres, ni projets, ni financements, ni échanges de visites, le tout jusqu’à nouvel ordre !

 

Les causes de l’ire marocaine


Cette injonction ferme et particulièrement sévère constitue en fait un signal particulièrement clair que Rabat adresse aux décideurs communautaires, mais aussi aux représentants élus et aux États membres, afin que tous comprennent que le Maroc n’est pas un partenaire que l’on peut traiter « par dessus la jambe », humilier ou même endormir avec des promesses qui ne seront pas tenues.

Les causes de l’attitude volontairement abrupte de l’État marocain sont connues.

Il y a, tout d’abord, le problème de l’annulation de l’accord agricole Maroc-UE par la Cour européenne de Justice qui siège à Luxembourg. Ce verdict, inique, a été prononcé par trois juges peu au fait des composantes de la relation maroco-communautaire d’une part, et, surtout, totalement hors sujet sur la question de nos provinces sahariennes, sous la pression, efficace il est vrai, d’un lobby algéro-séparatiste fort actif un peu partout en Europe.

La Commission européenne, par la voix-même de Mme Mogherini, Commissaire en charge des relations extérieures, avait très vite promis de mettre en action les procédures juridiques d’appel de cet arrêt.

Mais Rabat, tel Sœur Anne, ne voyant rien venir, a usé de son « droit d’action et de réaction », comme l’avait clairement spécifié à la mi-décembre 2015, Mme M’barka Bouaïda, ministre déléguée au AE.

Le second élément qui justifie l’entrée dans une phase de glaciation des relations Maroc-UE, se rapporte à une motion votée à la fin de l’année dernière par le Parlement de Strasbourg, à 7 voix de majorité à peine, réclamant de l’ONU qu’il procède à l’extension du mandat de la Minurso au Sahara Occidental Marocain au monitoring des droits de l’Homme.

Une exigence outrancière, irréaliste, et qui n’a jamais figuré dans l’accord de cessez-le-feu et d’acceptation d’une force d’interposition onusienne, signé par le Maroc en 1991

 

Qui a besoin de qui ?

Alors que Royaume est l’un des partenaires les plus fiables et les plus actifs de l’UE dans la Zone Mena et tout autour du Mare Nostrum, certains à Bruxelles ou à Strasbourg, font mine d’ignorer cette réalité.

Alors que l’Union européenne s’appuie fortement sur notre pays pour développer ses concepts de Politique européenne de Voisinage, PEV, ou encore de « Statut avancé », et qu’elle est liée au Royaume par une flopée d’accords multisectoriels ou de conventions de financements, d’autres, issus des mêmes centres décisionnels, croient pouvoir développer une politique attentatoire aux droits imprescriptibles du Maroc.

Rabat, en prononçant le gel de toutes les relations avec l’Union européenne, clame ainsi haut et fort « basta » !

Car, s’il est vrai que le Maroc est désireux d’entretenir des relations mutuellement avantageuses avec l’ensemble communautaire européen, ce partenariat, d’exception jusqu’à présent, ne saurait se faire dans le mépris de la souveraineté nationale et le droit à l’unité territoriale, deux principes fondamentaux qui déterminent la politique extérieure du Royaume.

La marocanité de nos provinces sahariennes ne se marchande pas et elle ne fera jamais partie de l’équation Maroc-UE !

La valise et la kalach…

Au moment où certaines menaces bien précises se profilent aux abords immédiats de l’UE et notamment dans sa partie méridionale, tandis que les candidats à l’émigration (à tout prix) vers la « Verte Europe » se comptent par centaines et centaines de milliers dans les « zones de transit » kurdes, irakiennes, syriennes, libyennes, et que les groupes armés terroristes sont quasiment à portée des côtes italiennes, les décideurs et élus européens devraient sans nul doute, réfléchir à leurs actes, votes et jugements…

Imaginons, par exemple, que Rabat cesse d’empêcher le « h’rig » des Subsahariens vers les présides occupées de Sebta et Melilla…

Un « simple » assaut réussi de quelques centaines d’individus, résonnerait comme un signal irrépressible pour des foules de sub-sahariens désespérés qui, très vite, seraient mises au courant de « l’ouverture » de la frontière maroco-espagnole…

Imaginons, autre exemple, que les services marocains aient connaissance de projets criminels et terroristes de groupes appartenant à Daâch et qui, de la côte libyenne, projetteraient des opérations sur la Sicile, Malte, et qu’ils s’abstiennent d’en informer leurs homologues européens ?

Lorsque la relation est interrompue, chacun doit en mesurer les conséquences et nos amis Français en savent quelque chose en ce premier anniversaire des lâches attentats contre Charlie Hebdo, Montrouge et l’Hyper casher de la Porte de Vincennes.

Depuis, chacun, de l’Élysée au Quai d’Orsay, de la Place Beauvau au Boulevard Mortier, a pu se féliciter de ces retrouvailles franco-marocaines…

Combien de dizaines de milliers d’entrants clandestins, ou, pire encore, combien de victimes d’attentats terroristes faudra-t-il compter pour que certains, en Europe communautaire, commencent à comprendre qu’aujourd’hui l’Europe a plus besoin du Maroc que nous avons besoin d’elle.

La roue a tourné !

 

int.ma 06/01/2016