Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) réclame une enquête et appelle au renforcement de la « solidarité entre les États côtiers de la Méditerranée » après que trois migrants soudanais ont été abattus par des garde-côtes libyens lors d’une fusillade.

L’incident mortel s’est produit à Khomsune ville portuaire située à l’est de Tripoli. Après avoir été interceptées en mer et ramenées en Libye, les victimes ont subi les tirs des autorités locales en tentant de s’échapper pour éviter les centres de rétention libyens. Deux des victimes sont décédées sur place et la troisième lors de son transfert vers l’hôpital.  

Le HCR demande une enquête « urgente » pour éclaircir les circonstances de ce drame. Pour Vincent Cochetel, Envoyé spécial du HCR pour la situation en Méditerranée centrale, « cet incident souligne crûment que la Libye n’est pas un port sûr pour le débarquement ». Le pays est en effet particulièrement pointé du doigt dans le dernier rapport publié par le HCR et le Centre de recherche sur les migrations mixtes dénonçant les violations extrêmes des droits humains se produisant sur les côtes africaines de la Méditerranée.

Compte tenu de ces violations répétées des droits humains, l’accord migratoire entre l’Italie et la Libye reconduit en février 2020 pour trois années supplémentaires est régulièrement dénoncé. En Italie, c’est ce qu’illustrent la campagne « io accolgo » (j’accueille) revendiquant la suspension de l’accord, et la manifestation contre le financement des garde-côtes libyens par l’Italie,  toutes deux initiées le 27 juillet. Selon l’Organisation internationale pour les migrations, 5 500 personnes ont été renvoyées vers la Libye entre janvier et juillet 2020.

Par ailleurs, le tribunal de Naples devrait juger à la rentrée le capitaine italien du navire Asso Ventotto pour le renvoi de migrants vers la Libye après leur sauvetage en mer à l’été 2018. La jurisprudence à venir de la justice italienne marquera une étape importante dans la lutte contre ces pratiques de refoulement et permettra, selon Nicola Fratoianni, député du parti de la Gauche italienne, de « découvrir la vérité sur des épisodes trop fréquents en Méditerranée centrale ».

 

Publié par France terre d'asile le 3 août 2020.

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