Tous les migrants devraient être inclus dans les campagnes de vaccination sur la pandémie de Covid-19, quels que soient leur nationalité et leur statut migratoire, ont demandé, dans une note d'orientation publiée ce lundi, des experts des Nations Unies et de différents systèmes des droits de l’homme africain, européen et interaméricain.

En ce qui concerne l'organisation de ces campagnes de vaccination, les experts préconisent « des pares-feux clairs entre l'application des lois sur l'immigration et la fourniture de vaccins anti-Covid-19 ». Ces experts soulignent que l'enregistrement des vaccins ne doit pas servir à recueillir des informations sur le statut migratoire d'une personne et à les communiquer aux autorités chargées de l'application des lois sur l'immigration.

La note d'orientation, publiée conjointement par le Comité des Nations unies sur les travailleurs migrants (CMW), le Rapporteur spécial sur les droits humains des migrants, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme et des experts régionaux des droits de l'homme, présente six propositions clés concernant la distribution de vaccins.

 

Ne pas cibler « les migrants en situation irrégulière » lors de leur demande d’accès au vaccin

Les experts ont donc averti que les campagnes d'information du public devraient indiquer clairement que « les migrants en situation irrégulière ne seront pas pénalisés ou ciblés par les services de l'immigration lorsqu'ils demanderont l'accès à la vaccination contre la Covid-19 ». « Personne ne devrait avoir peur de demander les soins dont il a besoin », ont souligné les experts.

Plus largement, ces différentes entités des droits humains exhortent les États à prendre en compte les vulnérabilités, les risques et les besoins des migrants les plus exposés et les plus vulnérables au nouveau coronavirus lors de l'établissement de leurs listes de priorités pour la vaccination. D’autant que plusieurs rapports indiquent que les migrants peuvent être plus vulnérables à une mauvaise santé en raison de leur statut socio-économique souvent faible, du processus de migration et de leur vulnérabilité en tant que non-nationaux.

Dans le contexte de la pandémie, les droits à la santé et à la non-discrimination sont fondamentaux et indispensables. Pour surmonter la pandémie et ne laisser personne derrière, ces droits doivent être garantis à tous les migrants, indépendamment de leur nationalité et de leur statut migratoire.

 

« Le virus ne connaît pas de frontières ni de nationalités » - Réseau de l’ONU sur les migrations

« Tous les migrants doivent avoir accès au vaccin sur un pied d'égalité avec les nationaux », ont fait valoir les experts.

Plus globalement, ils ont exhorté les États à élaborer des stratégies coordonnées et des mécanismes de coopération et d'aide pour garantir un accès universel et équitable aux vaccins anti-Covid-19. Il s’agit de prendre particulièrement en considération les pays qui rencontrent des obstacles économiques pour obtenir des vaccins pour leurs populations, y compris les migrants et leurs familles.

Le Réseau des Nations Unies sur les migrations avait également demandé, le 3 mars dernier, les États à garantir à tous un accès rapide, juste et équitable aux vaccins et à inclure les migrants, quel que soit leur statut, dans leurs programmes nationaux de vaccination contre la Covid-19 et leurs autres interventions de santé publique. « Le virus ne connaît pas de frontières ni de nationalités ; il devrait en être de même pour notre solidarité », avait-il averti.

Pour ce Réseau, les vaccins devraient être distribués de manière juste et équitable et considérés comme des biens publics mondiaux, et non comme des produits commercialisables. « Des politiques de santé isolationnistes dans un pays, quel qu’il soit, continueront de constituer une menace pour tous les autres », avait-il conclu.

 

Publié par ONU Info, le 08/03/2021 

Photo : © UNICEF/Dhiraj Singh