En Israël, manifestation monstre de migrants africains clandestins
Plus de 30 000 migrants africains clandestins ont manifesté, dimanche 5 janvier à Tel-Aviv, constituant ainsi le plus grand rassemblement de ce type en Israël. Ce mouvement de protestation, lancé après l'adoption d'une loi autorisant le placement en rétention des immigrés clandestins sans procès jusqu'à un an, a pris rapidement de l'ampleur. De 200 participants le 16 décembre, la mobilisation est passée à plusieurs milliers le 28 décembre, pour atteindre dimanche plusieurs dizaines de milliers.
Massés sur la place Yitzhak-Rabin, « dans le calme » selon la police, les manifestants ont dénoncé le refus des autorités israéliennes d'examiner leurs demandes d'obtenir un statut de réfugié. « Nous avons fui des persécutions, des dictatures, des guerres civiles, des génocides. Le gouvernement israélien doit étudier nos demandes d'asile et nous traiter comme des êtres humains », déclarait ainsi Daoud, un Erythréen entré clandestinement en Israël il y a quatre ans.
« Nous sommes tous des réfugiés ! Oui à la liberté, non à la prison ! », ont scandé en anglais les manifestants, qui dénoncent le placement en rétention de centaines d'entre eux. Soutenus par des militants israéliens, ces migrants ont également décrété une grève de trois jours sur leurs lieux de travail, en particulier dans la restauration et l'hôtellerie.
« RENVOYER LES CLANDESTINS DANS LEUR PAYS »
Le député et ex-ministre de l'intérieur Elie Yishaï, du parti religieux ultraorthodoxe Shass, a affirmé que « cette manifestation était un signal d'alarme pour agir contre les clandestins », ajoutant que Tel-Aviv était devenue selon lui une « ville africaine ». « L'Etat d'Israël et les autorités judiciaires et policières doivent utiliser tous les moyens à leur disposition pour renvoyer les clandestins dans leur pays », a-t-il prôné, cité par le quotidien Maariv.
L'an dernier, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s'était dit « déterminé » à expulser « les dizaines de milliers de migrants clandestins ». Ces immigrés sont en majorité des Erythréens et des Soudanais ayant demandé le statut de réfugié politique, qui leur a quasi systématiquement été refusé. Ils refusent de retourner dans leur pays par crainte de la répression.
Leur concentration dans les quartiers défavorisés du sud de Tel-Aviv a donné lieu à des incidents et des agressions xénophobes ces dernières années, qui ont culminé en 2012.
CLÔTURE ÉLECTRONIQUE
Selon une loi votée le 10 décembre, les immigrés clandestins peuvent être placés jusqu'à un an en rétention sans procès. Un centre de rétention surnommé Holot a été ouvert en décembre dans le sud d'Israël. Il est ouvert pendant la journée, mais les détenus doivent pointer à trois reprises et y passer la nuit. Destiné à accueillir 3 000 personnes, il peut être agrandi afin d'en recevoir près de 11 000.
En 2012, une campagne des autorités israéliennes a abouti au départ ou à l'expulsion de 3 920 des quelque 60 000 Africains entrés clandestinement dans le pays, en grande majorité par la péninsule égyptienne du Sinaï. Parallèlement, Israël a achevé en 2013 la construction d'une clôture électronique le long des 230 kilomètres de frontière avec l'Egypte, ce qui a permis de réduire pratiquement à néant le nombre d'entrées.
Le monde.fr , le 05/01/2014
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