Le nombre de réfugiés et de migrants qui veulent traverser la Méditerranée ne cesse d'augmenter mais l'UE construit des murs de plus en plus hauts. Pendant ce temps, les naufrages se répètent et des vies sont perdues.
L'Europe ne peut pas rester plus longtemps indifférente au drame qui se déroule à sa porte.
Notre nouveau rapport met en évidence l’urgence d’agir aujourd’hui pour que l’Union européenne agisse efficacement pour sauver les vies en danger en mer.
Le nombre de navires de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale, munis d'un mandat clair de sauvetage de vies humaines en haute mer et des ressources nécessaires à cet effet, doit être augmenté.La seule action positive face aux naufrages est venue de l'Italie, qui a lancé l'opération Mare Nostrum et déployé une partie importante de sa marine pour des opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale.
L'Italie a récemment fait savoir que l'opération n'est pas durable à long terme pour un seul Etat.
LES LACUNES ET LES FAIBLESSES ÉVIDENTES DE L’EUROPE
Il a été suggéré récemment de faire intervenir l'agence de l'UE de surveillance des frontières, Frontex. Il s'agit là d'une initiative positive, mais uniquement si les États membres de l'UE mobilisent suffisamment de moyens en haute mer et si le mandat de Frontex met clairement l'accent sur ses fonctions de recherche et de sauvetage.
Certaines lacunes et faiblesses des services de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale doivent être rapidement comblées et rectifiées pour sauver davantage de vies.
Un manque de coordination entre les États côtiers, en particulier Malte et l'Italie, accentue encore davantage les dangers. Des différends de longue date opposant ces deux pays au sujet de leurs obligations respectives de recherche et de sauvetage sont peut-être à l'origine de la mort de plusieurs centaines de réfugiés et de migrants, survenue le 11 octobre 2013 lorsqu'un chalutier transportant plus de 400 personnes a coulé dans la zone de recherche et de sauvetage de Malte.
TROUVER DES SOLUTIONS POUR LES PERSONNES FUYANT LES CONFLITS
L’UE doit mettre en place des itinéraires plus sûrs et plus légaux pour ceux qui fuient les conflits et les persécutions et tentent d'atteindre l'Europe
Il peut s’agir des programmes de réinstallation et d'admission humanitaire et des mesures facilitant le regroupement familial Des moyens concrets pour éviter à ceux qui n’ont d’autres de solution que de fuir leur pays et de rejoindre un refuge de tomber de mettre leur vie entre les mains des trafiquants en mer.
PLUS DE SOLIDARITÉ ENTRE ÉTATS
Les défaillances dans le partage des responsabilités entre les États membres de l'UE dissuadent les pays d'Europe du sud, en particulier Malte, de ramener les réfugiés et les migrants dans leurs ports.
Le règlement dit de « Dublin » impose aux Etats européens d’examiner la demande d’asile des personnes qui sont arrivés en Europe en entrant en premier sur leur territoire.
Cette règle fait peser un poids inéquitable sur les pays engagés dans les opérations de sauvetage dès lors que c'est à eux qu'il incombe de répondre aux besoins de ces personnes.
L'opération Mare Nostrum (opération financée par l’Italie pour surveiller 24h/24 la Méditerranée) a momentanément mis ce problème entre parenthèses, mais si elle devait prendre fin sans être correctement remplacée, les atermoiements et les différends sur les opérations de recherche et de sauvetage risquent de mettre de nouveau des vies en péril.
PLUS DE 130 000 REFUGIES EN MOINS D’UN AN
En 2014, plus de 130 000 réfugiés et migrants ont ainsi traversé irrégulièrement les frontières méridionales de l'Europe par la mer. Ils ont pratiquement tous été pris en charge par la marine italienne. Ils venaient pour la plupart de Libye, pays déchiré par la guerre.
Faisant fi des dangers et des mesures de l'UE visant à les éloigner, les réfugiés et les migrants continueront à risquer leurs vies et celles de leurs enfants pour fuir leurs pays d'origine où sévit la guerre, où leurs droits sont bafoués ou qui luttent pour leur survie économique. Les États de l'UE ne peuvent pas les orienter vers les itinéraires maritimes les plus dangereux du monde pour ensuite les abandonner à leur sort »
John Daluisen
Directeur du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International